Engagés, informés, pharmaco-vigilants, influenceurs : les nouveaux comportements des patients à l’ère du numérique
Le patient d’aujourd’hui n’est plus le même qu’il y a 20 ans. En effet, le numérique a bouleversé le domaine de la santé, notamment en apportant aux malades de nouveaux outils pour informer, communiquer et soigner… Depuis quelques années, les praticiens rencontrent dans leurs cabinets des patients 2.0. C’est à dire de patients informés et formés, engagés, pharmaco-vigilants et même parfois influenceurs. A l’ère d’Internet, le patient ne « subit » plus les traitements de son médecin. C’est un véritable acteur de sa santé.
Le patient, formé et informé
Internet a modifié le rapport de chacun à l’information et c’est pourquoi les médecins rencontrent aujourd’hui de plus en plus de patients avertis. En effet, en 2021, 46 % des Français utilisent Internet pour faire des recherches sur leurs problèmes de santé ou ceux de leurs proches selon Statista. Pourquoi ? Car, les sites, forums ou réseaux sociaux dédiés à la santé comme Doctissimo ou e-sante.fr par exemple, mais aussi les sites d’associations de patients et les sites dédiés aux maladies se sont multipliés au cours des dernières années et désormais ils offrent aux e-patients et à leurs proches des informations, des conseils mais aussi un soutien psychologique. Toutefois, même si le patient est aujourd’hui habitué à trier l’information et sait identifier les sources fiables, on trouve aussi sur Internet des informations erronées et parfois le patient n’arrive pas à clairement identifier les maux dont il souffre. Cette habitude d’aller se renseigner sur Internet dès qu’un symptôme apparaît peut alors être génératrice d’anxiété, voir de mauvais autodiagnostic et/ou d’automédication inappropriée. C’est pourquoi, la consultation d’un médecin reste indispensable pour vérifier l’information trouvée sur le Net et surtout pouvoir bénéficier des bons diagnostics, conseils et traitements.
Le patient engagé
Un patient engagé participe activement à ses soins et collabore avec son médecin. Il lui parle de ce qui est important pour lui, de ses symptômes. Il lui pose des questions. La plupart des médecins sont heureux d’y répondre et si on ne leur en pose pas, ils présument que tout va bien. Donc, un patient engagé est quelqu’un qui collabore activement avec les professionnels qu’il consulte. Les patients peuvent aussi de plus en plus souvent contacter leur médecin par mail, consulter en ligne leurs dossiers médicaux ou leurs résultats de laboratoire, etc. Toutes ces actions aident les patients à être plus impliqués dans leurs soins. Un patient engagé, c’est donc quelqu’un qui prend sa santé en main et qui accède à toute l’information et à tous les outils à sa disposition pour jouer un rôle important dans la gestion de ses soins afin d’être le maître de toutes les décisions qui sont prises concernant sa santé.
Un patient engagé, c’est aussi un patient qui sera plus à l’aise pour bénéficier d’un suivi médical à distance. En effet, depuis que l’Assurance Maladie prend en charge la téléconsultation, le suivi des pathologies chroniques (ou d’avis médicaux pour les maladies bénignes) se développe. Dans le cadre de maladie chronique, le suivi est facilité par la téléconsultation car il évite des déplacements (et le stress ou la logistique complexe qu’ils peuvent occasionner) et permet de faire des points plus réguliers tout en bénéficiant de la même confidentialité et du même remboursement qu’en consultation physique. Mais pour que ce suivi à distance fonctionne de manière optimale, le patient doit non seulement être à l’aise avec la technologie mais aussi être pleinement engagé dans le suivi de sa maladie pour pouvoir par exemple : prendre lui même sa tension, remplir des questionnaires en ligne ou encore télécharger des comptes-rendus.
Le patient pharmaco-vigilant
Le site du gouvernement définit la pharmacovigilance comme « la surveillance des médicaments et la prévention du risque d’effets indésirables résultants de leurs utilisations, que ce risque soit potentiel ou avéré. Elle constitue une garantie qui s’exerce tout au long de la vie d’un médicament. » Cette pratique se répand de plus en plus auprès des patients et devrait devenir dans les années à venir un réflexe pour tous afin de protéger l’ensemble des malades des effets secondaires des médicaments. Afin de contribuer à cette démarche, il est possible de se rendre sur le site de l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ansm.sante.fr) afin de déclarer les effets indésirables d’un médicament. L’ANSM centralise les signalements et alertes en provenance des patients, des associations de patients, des professionnels de santé et des industriels.
Le patient influenceur
Le Patient influenceur ou POL (Patient Opinion Leader) possède des antécédents en tant que malade qui lui permettent d’appréhender plus facilement ce que vivent ses pairs au quotidien. Ce leader d’opinion connait les traitements appropriés à la maladie car il a développé des connaissances qu’il souhaite désormais partager avec d’autres malades. Il aide aussi les professionnels de santé dans l’éducation thérapeutique. Présent sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, YouTube…), sur les blogs, ou sur les sites spécialisés, le patient influenceur se révèle très utile pour faciliter la transmission d’informations autour d’une maladie et de sa prise en charge.
Le patient 2.0 ou e-patient évolue dans un environnement qui ne cesse de se numériser. Cela lui permet d’échanger en ligne avec les professionnels de santé, d’autres malades, mais aussi de partager ses connaissances. Conscient du risque de certains médicaments et formé grâce aux sites qu’il consulte, il n’hésite plus à poser des questions à son médecin afin d’être maître de sa santé. C’est une vraie évolution dans le rapport médecin-patient qui devrait perdurer dans le temps.
Article rédigé par Pierre Le Pavec, Stagiaire en Communication